La révolution géographique

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  • La géographie comme science

    De la Terre plate à la Terre concave; Mon cheminement – Cyprustar

    Nous passons maintenant à notre deuxième volet consacré à la révolution culturelle de l'âge classique, avec la Révolution cartographique.

    Nous commencerons par montrer en quoi on peut parler de "révolution scientifique" dans le domaine de la géographie et de la cartographie à la Renaissance ; puis nous essaierons de montrer en quoi cette "révolution cartographique" (ou géographique) reproduit, à travers une démarche de géométrisation du globe, le passage à une vision scientifique du monde. Il s'agit donc de replacer la Révolution cartographique dans l'espace global d'une Révolution culturelle, comme nous l'avons fait avec l'astronomie.

         1. Le premier temps indique dans quelle mesure on peut parler d'une "révolution cartographique" au XVII° siècle, s'inscrivant dans le passage à une vision scientifique du monde. En quoi les "images du monde" données par les cartes traduisent-elles le passage d'une vision religieuse à une vision scientifique du monde ? En quoi peut-on dire que les cartes deviennent, au tournant de la Renaissance, des cartes réellement "géographiques" (et non plus symboliques, allégoriques, etc.) ? Et dans quelle mesure ce passage à une représentation scientifique du monde s'accompagne-t-il de la constitution de la géographie en tant que "science" à part entière ? Il s'agit ici de montrer l'articulation entre ce que l'on pourrait appeler la "scientifisation" des images du monde, la scientifisation de la géographie, et la scientifisation de la vision du monde.

    Pour consulter la séquence, cliquez sur... le géographe, ou l'astronome ?

    L'Astronome (Vermeer) — Wikipédia

       2. Dans un second temps, nous allons montrer en quoi la géographie et la cartographie de la Renaissance, dans leur relation avec l'astronomie, expriment et accompagnent le mouvement de "mathématisation", de géométrisation du monde. En quoi la géographie retrouve-t-elle les liens qu'elle avait, dans l'Antiquité, avec l'astronomie ? Quel rôle joue Ptolémée dans cette articulation ? Et en quoi peut-on dire que la "géométrisation" de l'Univers produite par la révolution astronomique conduit à une géométrisation du globe terrestre dans le domaine de la géographie ?

    Pour consulter le cours, cliquez sur Ptolémée (...revu par un graveur allemand du XVI° siècle !)

    Claude Ptolémée — Wikipédia

     

  • Géographie et humanisme

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    Une projection de Mercator "extrême", avec Marseille (à droite) comme point de référence

    Nous poursuivons notre analyse de la révolution géographico-cartographique en analysant la pace qu'occupe la géographie dans la vision du mode de l'âge classique. Si la transformation de la géographie de cette époque est ausi importante, c'est parce que les images du monde qu'elle fournit (par l'intermédiaire des cartes, globes, mappemondes, etc). joue un rôle clé dans la représentation du monde (comme c'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui).

    Mais c'est aussi parce que la géographie occupe une place particulière dans l'ensemble des sciences de la Renaissance : à la frontière de tous les savoirs, elle joue le rôle "d'interface dynamique", qui nourrit et transmet d'un domaine à l'autre les ruptures qui se produisent dans chacun d'eux. Ce caractère transdisciplinaire, multidimensionnel de la géographie, aboutit ainsi à l'idée d'un savoir géographique posé comme savoir total, englobant (comme chez Mercator). Mais c'est aussi cette dimension transdisciplinaire de la géographie qui lui permet de jouer un rôle-clé dans le registre des "Humanités", et qui la met en rapport avec ce grand courant fondateur de la Renaissance qu'est l'Humanisme.

         1. Dans un premier temps, nous allons donc éclaircir la place et le statut de la géographie dans le savoir de la Renaissance : en quoi la géographie est-elle un domaine "transdisciplinaire" ? En quoi le questionnement géographique introduit-il à des problématiques biologiques, médicales, mais aussi économiques, sociales et politiques ? En quoi le savoir géographique aboutit-il logiquement à l'idée d'un savoir total ? Pour consulter le cours, cliquez sur Mercator.

    Gérard Mercator — Wikipédia

         2. Dans un second temps, nous abordons la question des rapports entre révolution géographique et Humanisme. Il s'agit d'abord de montrer qu'à la Renaissance et à l'âge classique, la géographie, même si elle constitue bien une étude du monde, reste fondamentalement un savoir au service de l'Homme. C'est en tant qu'il a été créé (par Dieu) pour l'homme que le monde est envisagé, et la valeur de la géographie se mesure d'abord à l'utilité qu'elle peut avoir pour l'épanouissement corporel et spirituel de l'homme. Ainsi, l'homme reste au centre du regard géographique, il est bien le "point de vue" à partir duquel il faut envisager et comprendre le monde, conformément au principe-clé de l'Humanisme.

    Par ailleurs, l'exploration du globe terrestre, et en particulier la découverte des nouveaux mondes, conduit à une interrogation qui est au coeur de l'Humanisme : pour concilier la reconnaissance de tous les hommes comme semblables, dotés de la même "nature humaine" (universelle), tout en faisant droit à la diversité des cultures, ne faut-il pas mettre en oeuvre un principe de tolérance ? Pour consulter le cours, cliquez sur le portrait (par Christoph Amberger) de l'une des grandes figures de la cartographie humaniste, Sebastian Münster.

    Sebastian Münster — Wikipédia

     

  • Entre tradition et rupture

    Un cartographe moderne : Léonard de Vinci

    Un cartographe surprenant : Léonard de Vinci...

    L'une des caractéristiques-clé de la pensée de la Renaissance, et de l'Humanisme, c'est la tension entre deux mouvements :

         _ d'un côté, la Renaissance et l'Humanisme reposent sur un "retour à l'Antiquité", sur une redécouverte des textes des penseurs grecs et latins, qui constituent à la fois une référence et un modèle pour penser le monde et l'homme (nous poserons la question de Dieu dans la séquence suivante)

         _ de l'autre la Renaissance et l'Humanisme reposent sur de grandes avancées scientifiques et techniques, sur de grandes découvertes qui donnent accès à la fois à de nouvelles facettes du monde, à de nouvelles idées, et à de nouvelles perspectives.

    Ces deux orientations introduisent une tension féconde, plutôt qu'une contradiction ; l'Antiquité éclaire le monde contemporain (en fournissant des grilles d'interprétation face à des faits nouveaux, parfois déconcertants), et inversement les nouvelles données façonnent la relecture des textes antiques, en leur donnant un sens pour celui qui les lit, les traduit et les publie. Dans la mesure où la révolution géographique est l'un des éléments fondamentaux de la "Renaissance", il est intéressant de voir en quoi cette tension constitutive s'y manifeste et s"y déploie.

    Pour consulter le cours, cliquez sur Laurentius Surius :

    Laurentius Surius — Wikipédia