Sémiologie du réel
Illustration de Damien Daufresne pour L'être indifférencié
Sémiologie du réel
Le monde ne tire donc pas son sens d'un principe fondamental. Ce que nous appelons « monde » n'est qu'une totalité imaginaire, unifiée par le langage ; mais cette totalité ne renvoie elle-même à rien, le sens reste pris dans un perpétuel renvoi de chaque chose à une autre, signifié dans le langage par le rebondissement de copule en copule, dans un système autoréférentiel de signifiants sans signifié. Le réel est une parodie à laquelle manque une interprétation. (« Anus Solaire », texte 1)
La rencontre de l'autre au sein du monde n'est donc que la rencontre d'un reflet d'autant plus fidèle qu'il est vide : car ce n'est qu'en tant qu'il est sans contenu propre qu'il est capable de me renvoyer ma propre image (comme un miroir), et ce n'est qu'en tant qu'il reste vide qu'il me reflète adéquatement. L'autre est un miroir théophanique dans lequel je peux contempler ce que je suis en vérité... c'est-à-dire tel que je suis dans l'entendement vide d'un dieu inexistant. (« Anus Solaire », texte 2)
La consistance des choses et des êtres n'est toujours qu'apparente ; elle n'est que le produit de variations quantitatives qui opèrent des fluctuations dans l'homogène, plus qu'elles n'y introduisent de l'hétérogénéité. Or il n'y a de singularité réelle, de consistance que dans l'hétérogénéité. (« Anus Solaire », texte 3)
L'erreur des définitions savantes vient du fait qu'elles suppriment toute la dimension sauvage de la signification, faisant du signifié une pure abstraction ; pour saisir le sens véritable d'une cheminée d'usine, il faut s'en remettre à l'enfant qui la saisit comme objet de terreur, et non comme l'un des éléments d'un système de production, ainsi que la conçoit le technicien aveugle. (« Documents », texte 14)
La signification d'un mot n'est pas donnée par ses propriétés caractéristiques, mais par le travail qu'il accomplit, son rôle et ses effets. (« Documents », texte 16)
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