Correction DM Alain
Nous effectuons aujourd'hui le corrigé du DM donné a groupe A. Il s'agissait d'une explication d'un extrait des Propos sur le bonheur, du philosophe français Alain (1868-1951).
Attention : comme toutes les corrections de DM, celle-ci est considérée comme une partie du cours ; elle doit donc être apprise, et nous ne reviendrons pas sur les points (importants pour le thème du bonheur) que nous allons y aborder.
Ce texte ne présentait pas de dificultés de compréhension particulières ; en revanche, il exigeait un réel travail d'explication, car une lecture attentive indique qu'il est constitué d'une succesion de paradoxes, qu'il est, à première vue, assez difficile de faire accepter. Le travail d'explication consistait donc principalement :
(1) à mettre en lumière le caractère paradoxal de chaque séquence (sans essayer, surtout, de le dissimuler... ce qui permettait de se passer du travail de justification !)
(2) à essayer de justifier et d'illustrer le propos de l'auteur.
C'est à ce travail que vous allez vous exercer aujourd'hui.
Voici le texte :
Il est bon d’avoir un peu de mal à vivre, et de ne pas suivre une route tout unie. Je plains les rois, s’ils n’ont qu’à désirer1 ; et les dieux, s’il y en a quelque part, doivent être un peu neurasthéniques. Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-mêmes.
Il est ordinaire que l’on ait plus de bonheur par l’imagination que par les biens réels. Cela vient de ce que, lorsque l’on a les biens réels, on croit que tout est dit, et l’on s’assied au lieu de courir. Il y a deux richesses ; celle qui laisse assis ennuie ; celle qui plaît est celle qui veut des projets encore, et des travaux, comme est pour le paysan un champ qu’il convoitait, et dont il est enfin le maître. L’homme qui ne fait rien n’aime rien. Apportez-lui des bonheurs tout faits, il détourne la tête comme un malade.
Le difficile est ce qui plaît. Aussi toutes les fois qu’il y a quelque obstacle sur la route, cela fouette le sang et ravive le feu. Qui voudrait d’une couronne olympique si on la gagnait sans peine ? Personne n’en voudrait. Qui voudrait jouer aux cartes sans risquer jamais de perdre ?
Que les dieux, s’ils ne sont pas morts d’ennui, ne vous donnent pas à gouverner de ces plats royaumes ; qu’ils vous conduisent par des chemins de montagnes...
Alain, Propos sur le bonheur, 1908
1: c'est-à-dire : s'ils n'ont qu'à désirer pour obtenir aussitôt ce qu'ils désirent.
Travail à effectuer sur le texte :
1. Lire attentivement le texte, stylo posé.
2. Relire le texte, en essayant cette fois de repérer les formules et les mots-clé (qu'il faudra avoir définis ou analysés soigneusement à la fin de l'explication : surlignez-les)
2. Relire le texte, en essayant, sur une feuille de brouillon, de repérer :
a. Le thème du texte : ce texte porte sur....
b. La question à laquelle le texte apporte une réponse : dans ce texte, l'auteur cherche à savoir...
c. La thèse du texte (la réponse que le texte aporte à cette question) : dans ce texte, l'auteur cherche à montrer que...
3. A l'aide du travail précédent, essayez de différencier les étapes du textes, et de formuler clairement l'idée principale de chaque séquence. Il y a plusieurs séquençages possibles pour ce texte. Ci-dessous, je vous en propose un.
a. "Il est bon d’avoir un peu de mal à vivre, et de ne pas suivre une route tout unie. Je plains les rois, s’ils n’ont qu’à désirer ; et les dieux, s’il y en a quelque part, doivent être un peu neurasthéniques. Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-mêmes."
--> Quelle est la première condition du bonheur d'après cette séquence ? Que faut-il, à l'origine, pour que l'homme puisse être heureux ?
b. "Il est ordinaire que l’on ait plus de bonheur par l’imagination que par les biens réels. Cela vient de ce que, lorsque l’on a les biens réels, on croit que tout est dit, et l’on s’assied au lieu de courir.
--> Quel type de biens peut nous rendre heureux d'après ce passage ?
c. "Il y a deux richesses ; celle qui laisse assis ennuie ; celle qui plaît est celle qui veut des projets encore, et des travaux, comme est pour le paysan un champ qu’il convoitait, et dont il est enfin le maître."
--> Quelle est la richesse qui nous rend heureux d'après ce passage ?
d. " L’homme qui ne fait rien n’aime rien. Apportez-lui des bonheurs tout faits, il détourne la tête comme un malade. Le difficile est ce qui plaît. Aussi toutes les fois qu’il y a quelque obstacle sur la route, cela fouette le sang et ravive le feu. Qui voudrait d’une couronne olympique si on la gagnait sans peine ? Personne n’en voudrait. Qui voudrait jouer aux cartes sans risquer jamais de perdre ?"
--> Quelles sont les activités auxquelles l'homme peut prendre plaisir d'après ce passage ?
e. "Que les dieux, s’ils ne sont pas morts d’ennui, ne vous donnent pas à gouverner de ces plats royaumes ; qu’ils vous conduisent par des chemins de montagnes..."
--> Que faut-il souhaiter, d'après ce passage, quand on souhaite avoir une vie heureuse ?
Une fois ce travail effectué, vous devez être capable de rédiger une introduction. Vous pouvez vous y exercer si vous le souhaitez, ou consulter directement le corrigé.
4. Si l'introduction ne l'a pas déjà fait, dressez la liste des affirmations paradoxales du texte : ce sont elles qui forment le corps du texte, et qu'il va falloir expliquer (justifier, illustrer). Une fois ce travail effectué, vous pourrez consulter le corrigé.
5. Il faut maintenant chercher les éléments d'explication. Ce qui est rendu possible par le fait que l'on sait déjà où l'auteur veut en venir. Il faut donc chercher ce qui, dans chacun des paradoxes, rejint l'idée-clé du texte : qu'est-ce qui se rattache à l'idée selon laquelle c'est dans l'effort, par lequel l'homme se développe, que se trouve le bonheur ?
a. Pourquoi l'inquiétude, l'insatisfaction, le manque, la douleur peuvent-ils être considérés comme l'étape initiale du bonheur ? En quoi peut-on dire qu'ils nous "éveillent à nous-mêmes" ? En quoi conduisent-ils à "prendre conscience de nous-mêmes" ? En quoi nous conduisent-ils à faire des efforts ?
b. Pourquoi les biens dont on rêve, que l'on imagine, peuvent-ils nous conduire au bonheur, davantage que les biens que l'on possède déjà ? Pourquoi est-ce parce que l'on a des rêves à réaliser qu'on peut se réaliser ?
c. Pourquoi les richesses dont on peut jouir sont-elles moins susceptibles de nous rendre heureux que celles dont on ne pourra jouir qu'à la condition de founir des efforts, un travail ? Que gagne le paysan par son travail ? Sur quoi repose la satisfaction du paysan ? En quoi peut-on dire que le paysan est heureux dans son travail ? Quel est le lien entre le fait de cultiver son champ et le fait de s'épanouir ?
d. Pourquoi les activités qui sont difficiles peuvent-elles être plus plaisantes que les autres ? Pourquoi ne peut-on pas prendre plaisir à une activité qui n'exige de nous aucun effort, aucune implication, dans laquelle on ne court aucun risque ? Sur quoi repose le plaisir que l'on prend à participer à une compétition sportive ?
Consultez les pistes de correction.
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