Crise et krisis
De la crise à la krisis :
Un parcours de l'état critique, du langage commun à l'approche phénoménologique
Weizsäcker, Castells, Arendt, Maldiney, Erwin Straus, Husserl, Heidegger
[Extrait]
On ne peut résoudre une crise à l’aide des processus de régulation dont c’est précisément l’inefficience qui a provoqué le passage de l’anormalité à la crise ; ce qui distingue précisément la crise de l’anormal, c’est l’impossibilité de résorber le pathologique dans le normal, de maîtriser les dysfonctionnements à l’aide d’une surenchère de la norme. Auquel cas l’on peut éventuellement « mater » la crise, mais non en éradiquer la source, qui appelle sa résurrection. Telle est la spécificité de la crise, dans son quadruple aspect de récursion, de régulation, de continuité et d’identité : une crise ne peut être dépassée que par la prise en compte du trouble dont elle est la manifestation, c’est-à-dire par une voie interne de modification, de transformation, et non par une voie externe de répression ou de refoulement. Mais, en tant que passage à un « ordre » nouveau, la méthode thérapeutique qu’appelle toute crise consiste moins dans une médecine douce que dans une chirurgie radicale ; en tant qu’elle ne peut trouver son terme que dans des principes nouveaux, inédits, les méthodes traditionnelles échouent nécessairement.
C’est au sein de la crise, dans ce dont elle est le symptôme, et non par un quelconque recours à une extériorité, que se trouve le principe de sa résolution. C’est en ce sens que Castoriadis rappelait que « dans les écrits hippocratiques, la « krisis », la crise d’une maladie, est le moment paroxystique au bout duquel le malade ou bien mourra ou bien, par une réaction salutaire provoquée par la crise elle-même, entamera son processus de guérison » (La montée de l’insignifiance).
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