Séquence 9

Bonjour,

Nous passons aujourd'hui à un nouveau texte portant sur le thème art et culture, avec un texte de LA seule philosophe du programme : Hannah Arendt.

Hannah Arendt : "C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal"

Les oeuvres du patrimoine culturel sont aujourd'hui "reprises" dans un nombre considérable de productions "divertissantes" : de Notre Dame de Paris (Victor Hugo) à Roméo et Juliette, les oeuvres classiques font l'objet d'une grande variété d'adaptations, qui les transforme en produits de consommation : le point d'aboutissement du processus étant sans doute l'adaptation sous forme de comédie musicale, façon Presgurvic.

La question que pose Arendt dans ce texte (qui date de 1961) est de savoir ce que devient une oeuvre culturelle (notamment une oeuvre d'art) quand on la soumet à ce traitement. Peut-on transformer une oeuvre de culture en divertissement ? Une oeuvre d'art peut-elle être transformée en produit de consommation ?

Voici le texte :

L'industrie des loisirs est confrontée à des appétits gigantesques, et puisque la consommation détruit sans cesse les marchandises consommées, elle doit sans cesse fournir de nouveaux articles. Dans cette situation, ceux qui produisent pour les mass media pillent le domaine entier de la culture passée et présente, dans l'espoir de trouver de nouveaux matériaux. De plus, ces matériaux ne peuvent être présentés tel quel : il faut les modifier pour qu'ils deviennent loisir, il faut les préparer pour qu'ils soient faciles à consommer. (…) Je ne fais pas allusion, bien sûr, à la diffusion de masse. Quand les livres ou les reproductions sont jetés sur le marché à bas prix, et sont vendus en nombre considérable, cela n'atteint pas la nature des œuvres en question. Mais leur nature est atteinte quand ces objets eux-mêmes sont modifiés – réécrits, condensés, digérés, réduits à l'état de pacotille – pour la reproduction ou la mise en images. Dans ce cas, la culture ne se répand pas dans les masses : la culture est détruite pour engendrer le loisir. (…) Bien des grands auteurs du passé ont survécu à des siècles d'oubli et d'abandon, mais il n'est pas certain qu'ils parviendront à survivre à une version divertissante de ce qu'ils ont à dire.

Hannah Arendt, La crise de la culture, 1961

Pour ce texte, nous allons suivre une démarche d'analyse type "sujet 3" ; vous devez donc essayer, à l'oral ou à l'écrit, de répondre aux questions suivantes :

1. quelle est l'affirmation qu'Hannah Arendt cherche à défendre dans ce texte ? [Essayez le plus possible de donner une formulation précise]

2. pourquoi peut-on dire, avec l'auteur, que « la culture est détruite » quand on transforme une oeuvre en produit de divertissement ?

3. d'après vous, le but d'une oeuvre d'art, est-ce de nous « divertir » ?

N'hésitez pas à poser vos questions si besoin... et n'oubliez pas le travail à rendre (texte de Hume)

Bon travail !