Séquence 19

La mort de Socrate

Bonjour,

Voici l'explication de notre dernier texte (texte 5). Socrate ayant été condamné à une forte majorité (ce qui était prévisible), il s'adresse aux magistrats qui l'ont jugé. Cette partie du texte est sans doute la moins avérée historiquement : la procédure athénienne ne prévoyait pas de prise de parole du condamné une fois la décision rendue. C'est d'ailleurs logique : dans un procès antique, le "héros", celui qui conclut, ce n'est pas l'accusé ou l'accusateur, c'est bien l'ensemble des juges... Ici, c'est bien à Socrate que revient "le mot de la fin", et il va le donner en deux temps.

Dans un premier temps (c'est notre texte), il va s'adresser à ceux qui l'ont condamné. Il va opposer à la décision des juges, qui est doublement erronée, sa propore posture durant le procès. La décision des juges n'est pas seulement erronée parce qu'elle est injuste (ils ont condamné à mort un innocent), elle l'est également parce que cette décision injuste vient du fait que les juges se sont trompés : ils ont cru agir dans leur intérêt... alors que leur véritable intérêt était bien différent.

C'est l'articulation de ces deux erreurs qui est importante pour ce texte : pour Socrate, les juges n'ont pas commis lucidement une injustice, après avoir rationnellement calculé leur intérêt ; s'ils ont commis une injustice, c'est parce qu'ils ont mal réfléchi, qu'ils n'ont pas su voir en quoi consistait réellement leur intérêt. Les juges n'ont donc mal jugé que parce qu'ils se sont trompés : c'est le sens de la formule platonicienne, très importante, selon laquelle "nul n'est méchant volontairement." L'injustice vient toujours, selon Socrate, du fait que l'on n'a pas réfléchi suffisamment, ou pas correctement. C'est donc toujours "par erreur" que l'on commet une injustice.

Inversement, Socrate, qui a réfléchi correctement, a agi de façon juste. Si donc il est condamné à mort, ce n'est pas parce qu'il a choisi la mauvaise stratégie : la "bonne" stratégie est celle qui est conforme à la raison. Et il faut admettre pour Socrate ce qui vaut pour les juges : même si les juges pensent qu'il a ainsi agi contre son propre intérêt, en se condamnant à mort, cette thèse est fausse. Ce qui aurait été contre le véritable intérêt de Socrate, ce serait d'avoir menti.

Alors qui a "gagné" le procès ?

Pour ses juges, Socrate a perdu ; il n'a pas adopté la bonne stratégie, et se retrouve condamné à mort.

Pour Socrate, ce sont ses juges qui ont perdu : ils n'ont pas rendu la bonne décision, et ils ont ainsi agi contre leur intérêt.

Peut-on alors considérer que pour Socrate, la mort n'est pas un mal ? Ce n'est pas avec les juges qui l'ont condamné que Socxrate discutera cette dernière question  : il la réservera pour ceux qu'il appelle "ses juges", c'est-à-dire ceux qui ont assumé leur tâche de juges, qui est de juger selon la raison. Ce sera la fin du texte.

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