4. Bergson (technique)

Henri Bergson, le philosophe de l'intuition

Bonjour,

Voici le texte n° 4 du recueil : il s'agit du texte de Bergson concernant la technique. Bergson vise à montrer que la technique s'est détournée de ce qui était son but naturel (l'émancipation des hommes), pour s'orienter vers la satisfaction des désirs des plus favorisés ; il s'interroge sur les raisons de ce "détournement", et sur les moyens d'y remédier : pour remettre la technique au service de son but nature, il faudrait un "supplément d'âme"... qui reste à préciser.

Le texte est le suivant ;

L'homme ne se soulèvera au-dessus de la terre que si un outillage puissant lui fournit le point d'appui. On ne l'a pas assez remarqué, parce que la technique, par un accident d'aiguillage, a été lancée sur une voie au bout de laquelle étaient le bien-être exagéré et le luxe pour un certain nombre, plutôt que la libération de tous. Nous sommes frappés du résultat accidentel, nous ne voyons pas le monde technique dans ce qu'il devrait être, dans ce qui en constitue la véritable finalité.

Allons plus loin. Si nos organes sont des instruments naturels, nos instruments sont par là même des organes artificiels. L'outil de l'ouvrier continue son bras ; l'outillage de l'humanité est donc un prolongement de son corps. La nature, en nous dotant d'une intelligence essentiellement fabricatrice, avait ainsi préparé pour nous un certain agrandissement. Mais des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la houille blanche et qui convertissent en mouvement des énergies potentielles accumulées pendant des millions d'années, sont venues donner à notre organisme une extension si vaste et une puissance si formidable, si disproportionnée à sa dimension et à sa force, que sûrement il n'en avait rien été prévu dans le plan de structure de notre espèce : ce fut une chance unique, la plus grande réussite matérielle de l'homme sur la planète. [...]

Or, dans ce corps démesurément grossi, l'âme reste ce qu'elle était, trop petite maintenant pour le remplir, trop faible pour le diriger. D'où le vide entre lui et elle. D'où les redoutables problèmes sociaux, politiques, internationaux, qui sont autant de définitions de ce vide et qui, pour le combler, provoquent aujourd'hui tant d'efforts désordonnés et inefficaces : il y faudrait de nouvelles réserves d'énergie potentielle, cette fois morale. Le corps agrandi attend un supplément d'âme.

      Henri BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion.

Pour expliquer ce texte, je vous renvoie à l'étude que nous en avons effectuée en cours ; je joins un Bergson technique et libertedocument-support à télécharger ici (35.4 Ko), qui contient une analyse de ce texte (ainsi que des indications concernant les "mises en perspective" possibles lors de l'épreuve orale.)