La conscience réflexive (2021)
I) La recherche de la vérité
C) La recherche de la vérité dans les sciences humaines
3) la psychologie, la science et l'inconscient
a) la conscience comme capacité réflexive
La psychologie étant, étymologiquement, la science de l'esprit humain, elle rencontre dès le départ la faculté spécifique de l'homme qu'est la conscience ; c'est de l'analyse de la conscience qu'il faut partir si l'on veut pourvoir caractériser l'autre grand concept de la psychologie, également au programme de phiosophie de terminale : l'inconscient.
La conscience désigne d'abord l'état de celui qui "a conscience de quelque chose". J'ai conscience qu'il y a des arbres dans la cour : qu'est-ce que cela signifie ?
_ Cela ne signifie pas simplement que je les perçois (je les percevais déjà du coin de l'oeil, par la fenêtre, sans en prendre conscience) ;
_ cela ne signifie pas non plus que je le sais : je sais depuis longtemps qu'il y a des arbres dans la cour et pourtant, avant de me le formuler il y a un instant, je n'en avais pas "conscience".
Pourtant, je ne peux pas avoir conscience de quelque chose que je n'ai jamais su et / ou que je ne perçois pas. Si nul ne m'a informé de l'existence d'arbres dans la cour, et que par ailleurs je ne les perçois pas actuellement, comment diable pourrais-je en prendre conscience ?
La conscience repose donc sur la connaissance et la perception, mais ne s'y réduit pas. Que faut-il donc ajouter à ma connaissance ou à ma perception des arbres pour que je puisse dire que j'en ai "conscience" ?
Donnons d'abord la réponse : j'ai conscience de l'existence des arbres dans la cour lorsque l'esprit fait retour sur lui-même pour percevoir (ce) qu'il perçoit, ou pour prendre connaissance de ce qu'il connaît. C'est ce mouvement de redoublement (percevoir que je perçois, savoir que je sais...) qui caractérise la conscience.
a) Avoir conscience des arbres que je perçois, c'est "percevoir que je les perçois" : je perçois que je perçois des arbres : je m'en aperçois. De la même façon, il suffit que quelqu'un se trouve dans mon champ, de vision pour que je le perçoive ; mais pour que je l'aperçoive, il; faut que je "me rende compte" que je le perçois, que je "réalise" que je le perçois : il faut que je "vois que je le vois".
b) Ceci vaut également pour une connaissance mémorisée ; je connais mille et mille choses dont je n'ai pas actuellement conscience ; je n'en aurai conscience que si mon esprit s'oriente vers une connaissance qui se trouve déjà en lui, si l'esprit fait retour sur lui-même pour prendre connaissance de ce qu'il connaît déjà. La conscience peut ici être illustrée par l'image d'un lecteur qui, se promenant dans les rayonnages d'une bibliothèque dont il a déjà lu tous les livres (la bibliothèque représente ici la mémoire), saisirait tel ou tel livre pour l'ouvrir à une page précise (l'esprit-lecteur lit alors : "il y a des arbres dans la cour").
Avoir conscience de quelque chose, c'est donc percevoir qu'on le perçoit, ou prendre connaissance de la connaissance qu'on en a. L'acte de prise de conscience apparaît donc comme un acte de retour de l'esprit sur lui-même, un acte par lequel l'acte se reflète lui-même, se regarde lui-même. C'est ce qui fait de la conscience la capacité réfexive de l'esprit humain.
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