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Dans deux mois aujourd'hui, il y aura 4 ans que les premiers soulèvements conduisant au(x) Printemps Arabe(s) se sont produits à Sidi Bouzid. Voici pour l'occasion un texte de Bataille écrit en 1936, dont le questionnement ne manque sans doute pas d'actualité... y compris dans ce qui peut y apparaître optimiste, ce qui n'est pas si courant chez Bataille !

"Il est nécessaire d'attirer l'attention sur le rôle essentiel et initial joué dans ces mouvements historiques violents par les têtes qu'ils ont abattues. Un soulèvement populaire généralisé est la condition nécessaire du succès d'une insurrection. Aucune insurrection ne s'est développée efficacement dans une ville contrôlée par une autorité normale si la population ne lui était pas favorable dans son ensemble. C'est le souverain même dont l'autorité est devenue intolérable à la grande majorité du peuple qui réunit contre lui les insurgés dont l'accord ne porte que sur un seul point, qu'ils veulent mettre fin à la domination qu'il exerce sur eux. S'il n'existe pas dans une société donnée de souverain irresponsable exerçant personnellement le pouvoir, la concentration nécessaire au développement extrême de l'émeute n'est pas possible. Même si une crise accentuée se produit, les souffrances et les colères créent des mouvements de sens divergents.
Mais lorsqu'une tête couronnée joue son rôle d'unification des foules insurgées, lorsque la divergence des mouvements ne se produit qu'après le triomphe de l'insurrection, à la faveur de l'effervescence qui résulte du bouleversement subi, la Révolution s'approfondit ; les revendications fondamentales des masses opprimées se font jour avec une force croissante qui ne rencontre devant elle que la faiblesse d'un gouvernement insurrectionnel provisoire."
 
Georges Bataille, Contre-Attaque, Vers la révolution réelle, 1936.

 

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