Médecine antique et romaine

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L’histoire de la médecine grecque et romaine : entre interdisciplinarité et transdisciplinarité

Extrait :

La presque totalité des essais, articles, recueils et conférences ayant trait à l’histoire de la médecine antique débutent par l’affirmation selon laquelle ce domaine d’études doit, et ne peut être, qu’un domaine de recherche interdisciplinaire. Quelle que soit l’appartenance disciplinaire du locuteur, celui-ci ne cesse de réitérer l’affirmation selon laquelle la recherche en histoire de la médecine antique ne peut être féconde que sous la condition d’une coopération active de disciplines aussi diverses que le sont, non seulement l’histoire, la philosophie et la médecine, mais également la philologie, la logique, l’éthique, l’épistémologie, la linguistique, la biologie, la psychologie, l’histoire de l’art, des institutions, de la littérature, des religions, l’ethnologie — et bien d’autres encore. (...) Quoi de plus normal, en effet, que « l’histoire de la médecine antique » fasse intervenir dans son discours des historiens, des médecins, ainsi que des représentants de cette classe spécifique de « spécialistes » de l’Antiquité dans laquelle on range toujours un peu, en raison de leur sempiternelle obédience socratique, les « philosophes » ?

L’histoire de la médecine antique ne juxtapose pas a posteriori des domaines de compétence, elle ne réunit pas dans l’unité d’un thème ou d’un problème des disciplines en soi hétérogènes ; c’est bien plutôt le phénomène, caractéristique de l’époque contemporaine, de spécialisation des savoirs, lequel substitue dans son mouvement l’érudition des spécialistes à la synthèse encyclopédique, qui tend à disjoindre des « domaines » qui, au sein de l’Antiquité grecque et romaine, ne s’étaient en aucun cas établies en tant que « disciplines » constituées, autonomes et autarciques. Et ce n’est pas l’un des moindres intérêts de la recherche actuelle en histoire de la médecine antique, que de mettre en lumière la parenté, l’intimité des différents champs de savoir, en évitant simultanément l’écueil de la simple juxtaposition des discours, et le danger d’une confusion généralisée des problématiques (dont nous verrons qu’elle constitue un enjeu éthique, scientifique et épistémologique de premier ordre).

En d’autres termes, c’est la généalogie même du concept d’une « Histoire de la médecine Antique » qui désigne ce domaine comme un terrain privilégié pour l’élaboration d’une recherche scientifique fondée sur cette coopération des savoirs que plusieurs générations de chercheurs se sont déjà fixée comme tâche : l’élaboration raisonnée d’un discours qui concilie la généralité du contexte et la particularité du domaine, l’encyclopédisme et la précision — une recherche interdisciplinaire.

Histoire de la medecine antique : entre interdisciplinarité et transdisciplinarité