Galilée, texte et questions

Astronomie et théologie : la querelle copernicienne

"Dans la discussion des problèmes de physique, on ne devrait pas prendre pour critère l'autorité des textes sacrés, mais les expériences et les démonstrations mathématiques. En effet, l'Ecriture Sainte et la Nature proviennent toutes deux du Verbe divin : la première est dictée par l'Esprit Saint ; l'autre est la servante obéissante, régie par les lois de la nature qui sont des ordres de Dieu. Mais, tandis que les Ecritures, s'adaptant à l'intelligence du commun des mortels, parlent en beaucoup d'endroits en des termes qui, pris à la lettre, s'écartent de la vérité, – la nature, tout au contraire, se conforme inexorablement aux lois qui lui sont imposées, sans jamais en franchir les limites, et ne se préoccupe pas de savoir si ses raisons cachées et ses façons d'opérer sont à la portée de notre intelligence humaine. Il en résulte que ce que les phénomènes naturels révèlent à nos yeux, ou ce que les démonstrations nécessaires concluent, ne doit en aucune manière être révoqué en doute, et a fortiori condamné au nom des passages de l'Ecriture, quand bien même le sens littéral semblerait les contredire. (…) Prohiber aujourd'hui le système de Copernic, alors qu'une multiplicité d'observations nouvelles le vérifient chaque jour davantage, et que son livre se diffuse de plus en plus dans le monde des lettrés, et cela après l'avoir toléré pendant tant d'années, cependant qu'il était moins répandu, et moins certain, ce serait, à mon avis, se mettre en opposition avec la vérité, et en être réduit à faire d'autant plus d'efforts pour le cacher ou le supprimer, qu'elle se manifeste d'une façon plus évidente et plus éclatante...“  

          (Galilée, Lettre à la grande duchesse de Toscane, 1615)

Question d'interprétation : d'après Galilée, doit-on soumettre la science à la Parole de Dieu ?

Question de réfléxion : en quoi la révolution astronomique implique-t-elle une transformation du rapport entre science et religion, et plus largement entre l'homme et Dieu, à l'âge classique ?