DM explication Kant
Bonjour,
Voici l'extrait de la Proposition 7 du texte de Kant que vous avez à expliquer (pour la semaine de sortie théorique du confinement). Vous aurez besoin, pour cela, de bien connaître le contenu des propositions 5 et 6, sur lequel Kant s'appuie. N'hésitez pas à poser des questions si la compréhension vous pose problème. Nous avons déjà croisé l'idée que Kant formule dans ce texte, à la fin de notre chapitre sur la technique. Nous avions en effet indiqué la manière dont, pour Kant, l'humanité tend à adopter les préconisations de la raison... mais pas avant d'avoir fait l'expérience concrète qui découlent du fait de ne pas le faire ! Gardez en mémoire le fait que parler de SDN en 1784, c'est faire oeuvre de visionnaire... Kant écrit à une époque où le droit international n'existe pas, et où l'on considère généralement (c'est encore le cas chez Rousseau), que l'état naturel dans lequel se trouvent deux Etats est un état de guerre.
L'extrait est donc le suivant :
"Le problème de l'édification d'une constitution civile parfaite est lié au problème de l'établissement d'une relation extérieure légale entre les États, et ne peut être résolu sans ce dernier. A quoi bon travailler à une constitution civile légale entre particuliers, c'est-à-dire à l'organisation d'une communauté ? La même insociabilité, qui contraignait les hommes à travailler à cette constitution, est à son tour la cause du fait que toute communauté dans les relations extérieures, c'est-à-dire en tant qu’État en rapport avec d'autres États, jouit d'une liberté sans frein et que, par suite, un État doit s'attendre à subir de la part d'un autre exactement les mêmes maux qui pesaient sur les individus particuliers et les contraignaient à entrer dans un état civil conforme à la loi. La nature s'est donc à nouveau servi du caractère peu accommodant des hommes, et même du caractère peu accommodant des grandes sociétés et des corps politiques que forme cette espèce de créature, afin de forger, au sein de leur antagonisme inévitable, un état de calme et de sécurité. C'est-à-dire que, par le truchement des guerres, de leur préparation excessive et incessante, par la détresse qui s'ensuit finalement à l'extérieur de chaque État, même en temps de paix, la nature pousse les États à faire des tentatives au début imparfaites, puis, finalement, après bien des désastres, bien des naufrages, après même un épuisement intérieur exhaustif de leurs forces, à faire ce que la raison aurait aussi bien pu leur dire sans qu'il leur en coûtât d'aussi tristes expériences, c'est-à-dire sortir de l'absence de loi propre aux sauvages pour entrer dans une Société des Nations dans laquelle chaque État, même le plus petit, pourrait attendre sa sécurité et ses droits, non de sa propre force ou de sa propre appréciation du droit, mais uniquement de cette grande Société des Nations [...], c'est-à-dire d'une force unie et de la décision légale de la volonté unifiée."
Conformément aux dispositions générales de Kant dans cette oeuvre, la première phrase est l'énoncé que la suite du paragraphe doit éclairer. Ne cherchez donc pas à l'expliciter entièrement avant de passer à la suite : contenez-vous d'en préciser le sens. La suite du texte vous permettra d'expliquer, dans un premier temps, en quoi il semble difficile d'instaurer uje société juste dans un monde où les rapports entre Etats échappent à toute loi ; elle vous permettra ensuite d'expliquer pourquoi les hommes vont être conduit à instaurer des rapports légaux entre Etats ; et elle vous conduira enfin à expliquer à quoi pourra ressembler l'instance chargée d'énoncer et appliquer ce "droit international".
Remarque 1 : j'ai supprimé la formule latine, qui n'apportait pas grand chose et qui risquait de vous induire en erreur.
Remarque 2 : si vous voulez une présentation de la naissance, de la mort et de la renaissance d'une Société des Nations qui corresponde assez bien au propos de Kant, vous pouvez visionner la vidéo suivante. Ce n'est pas une analyse très approfondie, mais c'est mobilisable pour le texte de Kant (dont il ne faudrait pas oublier qu'il est écrit en 1784)
Remarque 3 : pour la mise en perspective finale, il serait judicieux d'envisager la mise en oeuvre des idées de Kant dans la SDN, et les problèmes que celle-ci a rencontrés. Cela devrait vous permettre de questionner le propos de Kant à l'aide du propos de Kant lui-même : peut-on penser un rapport de droit sans force de contrainte capable de le faire respecter ? Et en quoi consiste le "maître" au sein de la SDN (ou de ce qui lui a succédé) ?
Bon courage !
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