3. Texte de Bergson (art)

Fichier:Henri Bergson.jpg — Wikipédia

Bonjour,

Voici le texte suivant de la liste : il s'agit du texte de Bergson que nous avons mobilisé pour traiter du rapport entre art et utilité : l'artiste nous réapprend à voir ce qui, dans le réel, ne sert à rien... et nous rappelle ainsi que c'est peut-être ce qui ne sert à rien qui a le plus de valeur.

Là encore, je vous renvoie à votre cours (nous avons particulièrement développé le fait que l'artiste nous rappelle à ce qui fonde notre humanité) ; mais je vous redonne également une étude du texte.

Le texte est le suivant :

« A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? (…) Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes. Un Corot, un Turner, pour ne citer que ceux-là, ont aperçu dans la nature bien des aspects que nous ne remarquions pas. Remarquons que l’artiste a toujours passé pour un « idéaliste ». On entend par là qu’il est moins préoccupé que nous du côté positif et matériel de la vie. Pourquoi, étant plus détaché de la réalité, arrive-t-il à y voir plus de choses ? On ne le comprendrait pas, si la vision que nous avons habituellement des objets extérieurs et de nous-mêmes n’était une vision que notre attachement à la réalité, notre besoin de vivre et d’agir, nous a amenée à rétrécir et à vider. De fait, il serait aisé de montrer que plus nous sommes préoccupés de vivre, moins nous sommes enclins à contempler, et que les nécessités de l’action tendent à limiter le champ de la vision. Mais des homes surgissent dont les sens ou la conscience sont moins adhérents à la vie. Quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour eux. Ils ne perçoivent plus simplement en vue d’agir ; ils perçoivent pour percevoir, — pour rien, pour le plaisir ; et c’est parce que l’artiste songe moins à utiliser sa perception qu’il perçoit un plus grand nombre de choses. »

(Henri Bergson, La pensée et le mouvant.)

Pour consulter l'étude du texte (reprise d'un cours d'une année précédente) : cliquez ici.