cahier de textes TL

Présentation de la discipline (mobilisation du questionnaire-support)

La philosophie émerge aux V°-IV° siècles av. J-C, en Grèce, notamment à Athènes avec Socrate, Platon (fondateur de l'Académie) et Aristote (fondateur du lycée). La philosophie, comme l'indique l'étymologie, se définit comme une recherche de la sagesse, qui elle-même est caractérisée par une recherche de la connaissance vraie et de l'action juste ; ce qui caractérise la démarche philosophique est que cette recherche ne peut prendre appui ni sur la tradition (l'opinion commune, le jugement des ancêtres, les mythes, etc.) ni sur aucune forme de révélation (divine, oraculaire, etc.) : elle ne doit prendre appui que sur l'usage de la Raison. On voit que cette caractérisation de la démarche philosophique correspond encore, plus de 20 siècles plus tard, au projet philosophique des Lumières ; l'impératif philosophique majeur de la philosophie est donc le principe que reprendra Kant (le plus grand des philosophes des Lumières en Allemagne) : "penser par soi-même".

détail d'un tableau

Platon dialoguant avec Aristote, dans la représentation de l'Académie par Raphaël

Cette caractérisation de la philosophie explique le sens large que possède le mot "philosophe" jusqu'au XVIII° siècle ; est philosophique toute démarche de connaissance fondée sur l'usage de la raison : le domaine philosophique englobe donc le domaine scientifique. Ce n'est que dans le processus de spécialisation des savoirs, qui s'amorce au XVIII° siècle, que le terme de philosophie va restreindre son champ, pour se distinguer du savoir scientifique. Le domaine de la philosophie rassemble alors l'ensemble des champs au sein desquels on peut / doit faire usage de la raison, mais sans que les questions abordées soient susceptibles d'être résolues par une procédure scientifique.

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Quand Rembrandt représente "le philosophe", il s'agit d'abord de celui qui recherche la "pierre philosophale"... c'est-à-dire l'alchimiste.

Les domaines de prédilection de la philosophie sont par conséquent les domaines de la politique (la question "la démocratie est-elle le meilleur système politique ?" méritant réflexion, sans que l'on puisse traiter la question par des expérimentations en laboratoire ou par un calcul), de la morale (un jugement moral mérite une justification réfléchie, mais cette justification ne peut pas prendre la forme d'une expérimentation scientifique ou d'un calcul mathématique), de l'esthétique (l'art fait appel à la réflexion, mais sans réellement prendre appui sur des observations scientifiques ou des calculs mathématiques), etc. De même, la question de savoir comment parvenir au bonheur mérite sans doute que l'on y réfléchisse : mais l'on ne voit pas bien en quoi la question serait susceptible d'un traitement scientifique.

Nous avons illustré la dimension para-doxale (exigeant une remise en cause d'un préjugé du sens commun) de la philosophie par trois questionnements :

1) Le recours à la violence peut-il être juste ? A l'opinion première, qui tend à condamner le recours à la violence (comme injuste et inefficace), notamment lorsqu'il implique de porter atteinte à des victimes innocentes, nous avons opposé un certain nombre de constats historiques : les révolutionnaires de 1789, les Résistants, les opposants à l'apartheid en Afrique du Sud, à la ségrégation aux Etats-Unis, la quasi-totalité des mouvements anticolonialistes ont eu recours à une violence ayant impliqué des populations civiles : est-ce une raison suffisante pour les condamner ? Doit-on condamner comme "terroristes" les Résistants français de 1940 ? Peut-on justifier les actes du FLN au moment des "événements" d'Algérie ? Cette question, qui constitue donc bien un problème, opposera Sartre et Camus ; il ne peut donner lieu qu'à une prise de position, qui doit être justifiée par des arguments rationnels, sans que la science puisse beaucoup nous aider. Il s'agit bien d'un problème philosophique.

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Peut-on justifier un attentat ? Sartre et Camus n'étaient pas d'accord.

2) Y a-t-il une "vraie" morale ? Il semble évident que le jugement "il est mal de torturer un enfant" est vrai, sans discussion possible : ceux qui prétendent le contraire se trompent, et on doit soit les soigner, soit les enfermer. Pourtant un autre jugement moral communément partagé est que l'on ne doit pas imposer à autrui par la force un jugement dont on ne peut pas démontrer la vérité. Or comment peut-on démontrer un jugement moral ? Comment prouver qu'il est mal de torturer un enfant ? Et si on ne le peut pas, comment imposer à autrui qu'il admette ce que nous admettons sans preuve ? En quoi cela se distingue-t-il de l'acte du comportement d'un fanatique qui prétendrait nous imposer sa croyance ?  Nous voici confrontés au problème-clé de la tolérance ; ce problème n'a aucune solution simple (et encore moins de solution "scientifique"). Il serait cependant assez dangereux de vouloir le laisser à l'écart de toute réflexion rationnelle : c'est un problème philosophique.

http://vignette1.wikia.nocookie.net/assassinscreed/images/0/0f/ACU_Marquis_de_Sade_baiser_jeune_femme.jpg/revision/latest?cb=20141111143445&path-prefix=fr

Un adepte d'une morale très "paradoxale" : le marquis de Sade (image extraite du jeu Assassin's Creed)

3) La religion est-elle en conflit avec la science ? Un rapide regard rétrospectif nous indique qu'il semble bien y avoir conflit entre les domaines scientifique et religieux. La religion semble interdire au scientifique le droit de procéder à certaines recherches, ou d'envisager certaines théories, du fait qu'elles entrent en contradiction avec des principes religieux. On songe alors à Giordano Bruno (brûlé), à galilée (condamné), etc. Pourtant, la question se complique dès que l'on songe au simple fait suivant : c'est que Giordano Bruno ou Galilée étaient de très sincères croyants (de même que la quasi-totalité des scientifiques jusqu'au XVIII° siècle) ; plus encore, l'une des idées principales de Galilée (et de Kepler ou de Newton) était que la science ne pouvait pas entrer en conflit avec la foi ; il ne peut pas, selon ces auteurs, y avoir de conflit entre les vérités scientifiques et les vérités religieuses. Il est donc assez paradoxal de les convoquer pour prétendre qu'il y en a un ! Le rapport entre science et religion n'est pas simple ; il mérite qu'on y réfléchisse, sans pouvoir être résolu par des expériences ou des calculs : c'est un problème philosophique.

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Kepler : l'homme qui découvrit l'orbite elliptique des planètes en partant de l'idée d'un dieu musicien...

Présentation du programme (de notions, et non d'auteurs), des épreuves (dissertation, explication) et du site internet.